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Coordination : F. Sauvagnat, P.Bonny

Participation de : M. RAMIREZ (Uni Medellin) – F. FANJWAKS, F. BOURLEZ, J.B. MARCHAND, C. CAPANEMA, Dr S. FERRON-BERNAT, Dr BRIARD

F. SAUVAGNAT

Inscription plate forme sciencesconf : https://genresexuation.sciencesconf.org/

ARGUMENT :

Il s’agira, lors de ce colloque de psychopathologie clinique et psychanalytique, de faire le point concernant les interactions actuelles entre deux courants conceptuels qui sont en débat depuis plusieurs décennies, débat qui a actuellement des conséquences majeures dans les pratiques cliniques.

La notion de sexuation, issue de la biologie, a été surtout développée par J. Lacan dans la dernière partie de son enseignement, d’une façon qui essayait de conclure ce qui se présentait dans la tradition freudienne comme source « traumatique » de la symptomatologie, mais aussi comme « instrument de mesure phallique » et comme irreprésentable radical au-delà des significations phalliques. Cette notion s’est appuyée, non seulement sur les traditions féministes déjà bien présentes au début du XXe siècle (notamment le soutien appuyé de S. Freud au mouvement de la « Sexualreform » de la féministe H. Stöcker) – avant les « vagues féministes » qui l’ont profondément marqué – mais également sur les travaux explorant les états intersexués (Hirschfeld), ainsi que sur les courants libéraux cherchant à dé-criminaliser l’homosexualité (« Humanitäres Komitee », auquel S. Freud a également donné son soutien) dans les pays ne bénéficiant pas des législations libérales françaises. A cet égard, la notion de sexuation est d’emblée au carrefour des rapports entre le corps, l’inconscient, et les modalités de l’acte. De même qu’elle avait donné la parole aux hystériques à la fin du XIXe siècle, la psychanalyse a accompagné de fait des confrontations massives avec les courants féministes ultérieurs, notamment à travers des auteurs comme K Horney, J. Riviere, H. Deutsch, J. Lampl de Groot, L. A. Salomé, L. Irigaray, et favorisé l’élaboration de concepts cruciaux qui les ont accompagnés.

Le « genre » est une problématique aujourd’hui centrale dans le domaine scientifique, en sciences humaines et en psychologie. Dans son acception actuelle, le terme vient des Etats-Unis, où il a d’abord été utilisé par J. Money dans le cadre des réassignations sexuelles d’enfants nés intersexes. Puis il a été repris dans les recherches de sociologues féministes (A. Oakley), en même temps qu’il était inclus dans la psychanalyse américaine via E. Stoller et son étude de l’étiologie du transsexualisme. Intégré progressivement à un niveau académique via les gender studies, les recherches qui le mobilisent ont gagné progressivement en légitimité universitaire (E. Dorlin, A. Fausto-Sterling) en même temps qu’elles étaient parties liées aux mouvements politiques féministes, souvent influencés par la psychanalyse lacanienne croisée à un abord constructiviste et foucaldien de l’histoire de la sexualité (J. Butler). Les Gender Studies ont contribué à repenser les relations sociales entre les sexes, favorisées en cela par la mise au point de techniques biomédicales dissociant la procréation de la filiation (droit à l’avortement, à la contraception, et plus récemment l’ouverture du droit au mariage pour les couples de même sexe, les débats sur la PMA, la GPA, etc.) Le genre est devenu un concept de large application, à la croisée des sciences du vivant et de l’homme, du politique et de l’intime, du corps et du psychisme. A l’heure actuelle, il n’existe pas « la théorie du genre », mais plusieurs manières d’en faire usage (L. Laufer).

On peut considérer actuellement dépassée la phase initiale où la notion de genre s’est trouvée largement utilisée pour justifier des formes d’« identité » désexualisée, selon des schémas restant très liés au protestantisme puritain dominant traditionnellement en territoire anglo-saxon (tel que l’indique la correspondance entre Freud et Putnam) tendant à faire fi de la bisexualité psychique et de la dimension conflictuelle et irreprésentable de la sexualité telle que Freud l’avait formulée (Sauvagnat, Bonny). Et l’on voit ainsi se multiplier les connexions avec la psychanalyse (J. Saez, F. Bourlez). La question se pose actuellement d’examiner les effets et les limites de la notion de genre pour une pratique clinique orientée par la psychanalyse, notamment en institution. De nombreux sujets s’adressent en effet à des institutions de prévention ou d’accueil LGBTQI+ en se présentant comme ayant une problématique de genre, dans certains cas avec une coloration d’ « urgence » qui peut être particulièrement marquée. Or les demandes ne concernent plus seulement des « réassignations de genre », qui ont longtemps été présentées comme la « seule réponse » souhaitable, mais revêtent actuellement une complexité dont il est important de prendre la mesure.

Plusieurs travaux ont été réalisés dans le champ lacanien, indiquant que tout sujet au fond peut ressentir un « malaise dans son genre » (C. Leguil) et que la psychanalyse s’avère bien placée pour accompagner le sujet dans la « reconstruction de son genre » (F. Bourlez, P. Gherovici). En outre, que nous enseignent ces sujets, et dans quelle mesure est-il possible de saisir leurs positions sexuées dans les référentiels lacaniens de la sexuation, dans leur variété ? Comment mieux les aider à cheminer vers leur propre voie, au-delà des stéréotypes ?

Détails

Date :
17 janvier 2020
Site :
sciencesconf.org

Lieu

AMPHI S
Université Rennes 2
RENNES, 35043 France
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Organisateur

François SAUVAGNAT
Téléphone
02.99.14.19.31
E-mail