Le colloque international « Autisme : numérique et robotique. Quel partenaire privilégié au 21ème siècle ? » veut centrer ses travaux sur l’étude très contemporaine de l’usage du numérique et autres objets technologiques dans le champ de la santé mentale, et particulièrement l’arrivée toute récente de la robotique, pour le traitement de l’autisme.
Ce colloque international interdisciplinaire de psychopathologie et clinique psychanalytique ouvert aux apports d’autres disciplines (Information-communication, ingénierie du numérique, anthropologie, sociologie, philosophie, médecine, psychiatrie, droit, sciences de l’éducation) analysera cette nouvelle montée en puissance de la robotique dans les champs de la santé mentale et de l’éducation auprès des autistes, tant son contexte d’émergence (la cybernétique et l’intelligence artificielle) et la logique du discours en jeu (qui promeut pour son plus grand profit, la marchandisation du traitement de l’autisme), que ses soubassements théoriques et conceptions de l’autisme.
Si la plupart des autistes témoignent de l’appui fondamental qu’a été pour eux l’usage d’objets hautement technologiques comme la télévision, l’ordinateur, le smartphone, les jeux vidéo ou encore l’invention d’une langue numérique, il est apparu nécessaire d’interroger leurs fonctions et usages dans l’élaboration de la construction autistique pour une ouverture au monde, aux apprentissages, au savoir et au lien social.
Ce constat clinique a en effet ouvert un nouveau champ dans le traitement de l’autisme, notamment celui de la robotique humanoïde avec, par exemple, Nao, Swooz, iclub, Leka, Kaspar. Ces dernières années nous connaissons une déferlante d’articles dans la littérature spécialisée sur le numérique, où les robots sont présentés comme les nouveaux partenaires de l’autiste. Qu’en est-il vraiment ? Le projet de ce colloque sera alors, dans un premier temps, d’analyser les objectifs, les usages et les résultats de l’utilisation de cette technologie de pointe affiliée à des programmes rééducatifs : le robot comme « facilitateur pour la rééducation ». Le colloque analysera également ce qu’il en est du robot humanoïde ou robot social dans le soin psychique considéré comme « médiateur transférentiel », « facilitateur d’interaction », « catalyseur de motivation » et/ou « objet privilégié de projections ». Que ce soit le robot rééducateur chez les cognitivistes ou médiateur de la relation transférentielle chez les psychanalystes postfreudiens, il s’agit toujours d’une conception envisageant l’autisme comme déficit. Le mot d’ordre c’est « réparer » ! Quelle place alors pour la créativité ? Le robot humanoïde pourrait-il servir à un autre usage qu’un partenaire prêt-à-porter ? A quelles conditions pourrait-il être un assistant numérique du sujet autiste ?
Afin d’y répondre, les travaux du colloque étudieront à partir d’une clinique du cas par cas, l’usage singulier des objets numériques et/ou technologiques par les sujets autistes, au service d’une construction subjective prenant ainsi des formes aussi diverses que le codage, la programmation, les dessins numériques, l’usage et/ou l’invention de jeux vidéo, la création de musique électronique, l’usage des sources multiples d’internet et/ou d’applications comme Siri, ou encore l’invention d’un lien social connecté, soit des révélateurs de capacités auto-thérapeutiques. Le colloque interrogera ce qui du numérique favorise son attrait pour le sujet autiste : L’interface qu’est le numérique consonne-t-elle avec le registre du littoral ? Permet-elle de faire bord au « trou sans bord » (E. Laurent, 2012)? Questionne-t-elle les relations qu’entretiennent le réel et l’imaginaire dans l’autisme ? Laissant une large place à la présentation clinique de cas, le colloque étudiera comment, en se servant des atouts et des attraits du numérique pour développer les affinités des autistes, peut se construire un branchement, un appui, une ouverture au monde, une suppléance, voire un nouage sinthomatique jusqu’à parfois révéler de nouveaux talents ou savoir-faire recherchés par les entreprises, propices à l’insertion sociale et/ou professionnelle. De ce fait, cette recherche ne saurait être sans l’appui de témoignages d’autistes et/ou de leurs parents quant à l’intérêt de soutenir les logiques singulières pour un lien social nouveau : portraits et autoportraits.
S’adressant aux professionnels, chercheurs et étudiants, ce colloque mettra ainsi au travail des questions cliniques, sociales et politiques en matière du traitement contemporain de l’autisme.
Sous la direction scientifique de Myriam Chérel