Cette journée d’étude a pour objectif d’analyser les évolutions de l’institution psychiatrique française et leurs conséquences cliniques, sociales et politiques. Si depuis sa naissance, le modèle asilaire fut ponctuellement remis en cause, mais seulement à la marge, il le sera plus profondément à partir de la seconde guerre mondiale. La politique de secteur, née avec la circulaire de 1960, fut un moment décisif dans la réforme du dispositif psychiatrique au sein duquel la continuité des soins, et donc la relation thérapeutique, fut privilégiée. La nouvelle offre de soins en psychiatrie impulsée depuis les années 2000, et mise en œuvre par les Agences Régionales de Santé (ARS), vise à reconfigurer les modalités des soins psychiatriques en privilégiant très nettement les soins ambulatoires, bien souvent standardisés. L’enjeu financier de cette évolution est déterminant.
Il s’agira donc d’interroger au cours de cette journée les effets dans la pratique clinique collective, mais aussi aux niveaux politique et social, de la déshospitalisation. Car la promotion de l’ambulatoire butte fréquemment, selon des disparités géographiques sur le territoire national, sur certaines réalités du système français de soins en psychiatrie (démographie décroissante des psychiatres hospitaliers, nombreux postes vacants, listes d’attente exponentielles dans les CMP, psychiatrie libérale asphyxiée). Un tel constat amène à s’interroger : Quelles alternatives et inventions possibles face à l’ampleur de la réduction des du nombre de lits d’hospitalisation complète en psychiatrie publique ? Quelles sont les limites de la volonté d’autonomie, d’inclusion et de réinsertion sociale ? Comment saisir l’augmentation des hospitalisations sans consentement, les recours à l’isolement ? L’institution psychiatrique peut-elle encore conserver sa fonction d’asile si cruciale pour certains sujets ?
S’adressant aux professionnels, aux chercheurs et aux étudiants, cette journée sera composée d’exposés contribuant à l’analyse de l’institution psychiatrique et son évolution à l’époque de la santé mentale et ses conséquences sur la clinique du sujet.